Au fin fond du bleu de la nuit
Un oeil toujours en veille
Entre les rayons de lumière
Je fixe ce monde en suspension
Entre deux univers
J’écoute le moindre son
La moindre goutte
Je sens les liens de métal
Qui s’agrippent à nos pierres
Je vois les objets venus d’ailleurs
Qui coulent et s’éparpillent
En milliers de couleurs
Quand des prisons de verre
Emportent nos frères
Impuissants et nus
Là-haut
Vers ce ciel inconnu
J’ajoute mes larmes
Au grand bain salé
Là-haut, dans la sécheresse de l’air
J’entends les agonies silencieuses
Je devine des rituels étranges
Des appétits barbares
Où l’être est vidé,
Découpé, décapité,
Pour devenir objet inanimé
Depuis mes fonds abyssaux
Je sens les machines sourdes,
Enormes et fragiles
Lourdes de menaces nouvelles
Je souffle, je souffle en vain
Les vagues arrivent en train
Elles rayent d’un trait
Fissurent les murailles
Eparpillent leurs entrailles
Et l’enfer brûle aussi en sous-marin
- 2013 : : Bleu Nuit : : Tsunami & Catastrophe nucléaire
Pourtant,
Pourtant tout continue de plus belle
Le béton gagne sur l’eau
Les fumées noient le soleil
Les foules se massent à nos rivages
Irradiées gavées de mirages
Drogués des pieds à la tête
Tous les morts font la fête
Lentement,
Des citadelles d’acier nagent sur nos têtes
Lentement
Telles des bombes à retardement
Entre deux déluges,
La brume est mon refuge
Dans ses plis je disparais
Le monde renaît en douces ondes
Quand ciel et mer se confondent
- 2013 : : Bleu Nuit : : Film de dessin sur sable
Des ombres déforment notre horizon
Voilà qu’ils s’installent au cœur de nos vies
Avec leurs usines flottantes
Ils percent profondément la nuit
Pour s’injecter leur drogue à explosion
A trop vouloir conquérir la lune
Les fantômes sont sourds à nos cris
Ils travaillent à leur oubli
Mais le feu leur remonte à la gorge
Brûle leurs palais voraces
Plombe le ciel et l’espace
Les cendres volent et coulent
Etouffent dans leur froid linceul
Les plus fines cellules de vie
Nos fonds deviennent mortes dunes
Et les lagons fosses communes
Partout,
Partout il faut fuir,
Il faut fuir les boues gluantes
Les poisons et les cages
Se méfier même des marées
Où refluent tous leurs égouts
Perdus dans leur élément
Nos cadavres s’échouent en masse
Brûlés par le soleil couchant
La mer sombre
Et les abysses se glacent
Les flots hurlent de colère
Le vent gémit et se tord
Le sel s’accroche et ronge
Pourtant la créature tient toujours la barre
Fermement dans la mauvaise direction
Tout droit vers le bord du monde
Des yeux trop souvent se ferment
Et la horde s’allège
Pour voguer plus loin
Peut-être flotter avec les étoiles ?
Ou renaître en d’autres eaux ?
Lentement,
La petite planète bleue s’obscurcit,
A force de fermer les yeux
Lentement,
Elle risque de s’éteindre,
Et de retourner à la nuit
Je plonge alors à nouveau
Loin des mécaniques et des vapeurs d’essence
Au fond du vaste océan
Il reste encore de l’espace
Pour la naissance d’autres courants