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Mai 2005
Màj Août 2009
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Les lapins

Nouvelle courte extraite du recueil "Souvenirs de la ferme"

Ce recueil de nouvelles est un ensemble de 27 textes courts basés sur des souvenirs d'enfance à la ferme.

3. Les lapins

Les lapins sont enfermés en contrebas de l’étable, sur le chemin du poulailler, deux murs de cages empilées où les yeux vifs nous regardent apeurés. Je suis souvent chargé de leur porter à manger, j’aime bien. On leur donne les épluchures de la cuisine, de l’herbe, des granulés spéciaux et de l’eau du bassin. Il faut répartir équitablement les aliments dans leurs godets en béton, certains se jettent sur la nourriture, d’autres se blottissent au fond des cages. Ce n’est pas moi qui change leurs litières, tant mieux, j’aurais trop peur qu’ils me sautent dessus et me griffent.
Il s’agit de n’ouvrir qu’une cage à la fois pour empêcher qu’ils ne s’échappent, et il faut bien refermer pour éviter de se retrouver dans la cour en train de courir pour les rattraper.
Certains se laissent toucher, j’aime bien leur fourrure douce et leurs oreilles tendres.
Ils sont répartis dans les cages par catégories. On trouve des mères avec leurs petits aveugles et nus blottis dans des nids douillets, les jeunes sont ensemble par tranches d’âge, les gros mâles reproducteurs sont à part.

Ils rongent tous avec délice les trognons de carottes ou de choux-fleurs, il faut éviter de leur présenter un doigt à travers les barreaux, certains n’hésitent pas à mordre avec leurs dents tranchantes.

Ce matin, j’ai vu ma grand-mère à la cuisine en train d’aiguiser consciencieusement un court couteau pointu. On est samedi, elle va tuer le lapin pour dimanche. Je ne l’ai pas suivie, je l’ai juste aperçue se diriger vers la cave, elle tenait un gros lapin par les oreilles, il se débattait.

L’après-midi, je me rends à la cave prendre un couteau pour tailler mes flèches en bois. En refermant la porte, je vois le lapin pendu au mur. Il n’a plus que des lambeaux de fourrure au bout des pattes, son corps est rosé et lisse, marbré de veines, sa tête sans oreilles n’a plus de poils et son œil fixe regarde par la fenêtre.
Je n’entends plus que les « clongs » réguliers de la batterie du parc électrique.

Dimanche, je n’y pense plus, mes cousines et cousins sont là et on se chamaille sur le lit. Ma grand-mère a mijoté un civet de lapin accompagné de riz, la sauce est délicieuse, j’en ai repris deux fois.

PS

 Pour mettre fin aux horreurs de l’élevage (à la ferme ou industriel) et des abattoirs, une solution simple et accessible : Abolir la viande, et déjà commencer par ne plus en consommer soit même...

Souvenirs de la ferme : : courtes nouvelles

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Artiste.Auteur.Réalisateur
Courts métrages d'animation, dessin noir & blanc, dessin sur sable, peinture, BD, écrits...
David Myriam, Artiste, art-engage.net