Il y a des jours, on ne sait pas trop pourquoi, l’humeur, une météo favorable, une douce nuit de plaisirs sensuels, une grâce divine… ?, où on aime absolument tout le monde, où on embrasserait tous les êtres de la Terre et serrerait dans ses bras les pires crapules et les bestioles les plus repoussantes. On se sent complètement embrasée, un peu illuminé sur les bords.
Et puis, le reste du temps, on est réaliste à mort. On pense plutôt à tuer son voisin espion, à exploser la boulangère et son « au-revoir-merci », étrangler son amant infidèle, brûler ses maîtresses jalouses, écarteler une ou deux adolescentes provocantes et futiles, cabosser les légions d’automobilistes grognards, gazer les extrémistes de tous bords, vaporiser les tas d’imbéciles, matraquer les fachos qui s’ignorent, dézinguer les politicards, bouffer tout crus les commerciaux qui vous téléphonent à l’heure du repas, envoyer tous les barbares rôtir en enfer, raccourcir à la hache les bouffeurs de viande, éradiquer les moustiques et autres limaces, larguer les milliardaires en pleine mer infestée de requins, pendre par les pieds les intolérants…
Du coup, on se retrouve toute seule à délirer en rond, à ne savoir que faire ni de l’amour ni de la haine.