Impatient, je marche sur le goudron brûlantFuir l’agitation vaine et ses publicitésEnfin, le chemin de terreMes pieds nus foulent le sol souple et chaudMon corps frôle herbes et branchesLa rivière m’appelleFranchir le rideau d’arbres qui bruissentSentir l’odeur des peupliers et des saulesEt d’un coup un champ de galets, l’eau verte qui courtSentir les pierres dures et lisses, douces et brûlantesMarcher dans l’eau fraîcheRegarder les bouillonnements du torrentGuetter un poisson ou une libelluleMe laisser traverser par le courantDiscrètement, mes pieds dansent sur la bergeDanse calme puis furieuseMais où est le martin pêcheur ?!Je me cache dans les branchagesSilenceJ’écoute l’eau sur les pierresRienMais où sont les martins pêcheurs ?Où sont les loutres, castors, saumons, aigrettes...?Où sont-ils passés ?!Les arbres s’agitentJe sors en plein soleilL’écho du bruit des moteurs s’infiltreAu loin le pont et les machinesJe dois alors retourner vers la villeVers les usines et les voituresVers les routes et les hangars métalliquesVers les froides caméras sans yeuxVers les rues automatesTout a été dévoréLes oasis sont encerclésLes martins pêcheurs sont pris dans un recoin de l’estomac mécaniqueIls sont imprimés dans un circuitDans un vol de 0 et de 1Seule subsiste une image de pixels mortsUn fantômeQuitter la terre souple et les roseaux sauvagesFouler sous un masque les déserts civilisésSe battreA mains nues briser les écrans siliciumStopper la MachineDéchiquetter le goudron à coup de griffesLibérer les martins pêcheurs.
David Myriam - Septembre 2021
- Où est passé le martin pêcheur ?
- Photo « ImAges imprObables »