La fin du monde a lieu tous les jours sous nos yeux engourdis.
A chaque seconde des êtres uniques sont effacés, des êtres qui n’ont pu se déployer, réduits en esclavage, en chair à saucisses ou à canons. La vie disparaît sous les fonctions, les numéros, les accélérations de croissance et l’atomisation générale.
La fin du monde chaque jour donne le tournis.
Des miracles de la vie sont engloutis par la voracité et des absurdités sans nom, sans fin et sans raison.
Des vagues de massacres absorbent les frêles esquifs voguant à contre-courant, des tsunamis noient l’espoir et le désespoir dans les tourbillons des morts et des vivants absents.
Rien n’est épargné, tout se corrompt et se désagrège sous le vent d’embruns mauvais. Tout se mélange pour consumer les moindres étincelles.
Dans la nuit perpétuée, le brasier luit atrocement et monte droit jusqu’aux cieux rougeoyants.
Les flammes torturent nos âmes et éclaboussent les étoiles sidérées.
La fin du monde a lieu tous les jours, et chaque jour, sous la pâle lueur du ciel, il faut se relever des cendres et reconstruire un radeau provisoire avec quelques débris épargnés.
- 2010 - Dessin au fusain, Ville Virus