Démarche artistique

Le moteur de mon travail c’est la confrontation, entre l’humain qui cherche à faire le monde à son image et la nature avec son incroyable résilience.

C’est sur cette lutte permanente que je pose mon regard et c’est notre empreinte sur le monde auquel nous appartenons que mes oeuvres questionnent.

Je suis particulièrement sensible aux occasions où la nature reprend ses droits sur l’espace humain dominant. Je recrée un ordre du monde où la nature aurait repris du terrain sur l’homme. J’exploite la faille ou bien je la crée. Je récupère des objets manufacturés ou bien j’en produit moi-même ; je les entame, je les abîme. Soit je recherche l’altération de la matière comme représentation de l’érosion par le temps ou les éléments naturels. Soit j’utilise la faille comme une entrée à la colonisation par le végétal, du moins à des formes végétales que je façonne avec la matière métallique ou une autre matière que je m’autorise à explorer.

Cette vision du monde je la traduis à travers mes sculptures. Je récupère des bidons d’hydrocarbure que je couvre en partie de champignons modelés en métal. Je crée un enchevêtrement de brindilles pour reformer les parties manquantes d’un vieux vélo retrouvé enfoui dans la terre du jardin… Je m’autorise aussi à faire du mobilier. Ma création a alors une fonction et continue de l’avoir même après mon intervention artistique de colonisation végétale ou d’altération érosive. Elle est alors une invitation à vivre en harmonie avec la nature.

Dans la forme, je recherche le contraste entre une partie de l’œuvre qui représente la domination de l’homme et que je mets dans l’ombre, et une autre partie qui serait l’empreinte de la nature et que je mets en avant. Je n’utilise pas de couleurs sauf celles de la matière. J’aime les surprises de l’imperfection, les textures. C’est pourquoi je travaille avec des matériaux qui ont déjà vécu, des morceaux issus de déchets que, souvent, je récupère directement dans la nature au gré de mes balades.

Travail en cours, projets

A travers mes récentes recherches, je m’attache plus particulièrement à étudier et retranscrire dans mon œuvre un malaise profond qui m’étreint de plus en plus. Ce malaise nait à chaque fois que je constate que, pour l’être humain, le monde n’existe que dans ce qu’il a de directement utile pour lui. Quand il ne voit pas l’animal comme un être complet, vivant et ressentant, mais en fonction de comment il répondra à ses besoins. Quand il utilise la nature comme une ressource, oubliant qu’elle aussi et surtout source, la source de la vie même.

Pour traduire cet état, je travaille sur les notions de distance et de fragmentation.

J’ai choisi comme sujet iconographique la pelure, toute sorte de peau dans sa forme d’enveloppe vidée de son essence.

Je fais un parallèle entre la méthode objective, rationnelle, scientifique et la diminution de la connaissance concrète, sensible, la déconnexion avec les lois naturelles de la vie. J’envisage, pour le mettre en œuvre, un travail sur des lames de verre ou de plexi.

L’ensemble de ces travaux fera l’objet d’installations et expositions à partir du deuxième semestre 2016.